Je ne sais pas si les maires et les élus se rendent suffisamment compte où nous mènent la fuite en avant de la croissance de l'urbanisation et des prix de l'immobilier? C'est une question non un constat.
Au risque de me répéter, l'attractivité du pays de Fayence est grande. Climat, topographie favorable, espaces verts, proximité de la côte et de ses bassins d'emplois, du pays grassois et de la dracénie, proximité de l'autoroute et de l'aéroport international de Nice... De tous ces avantages, il résulte depuis plus d'une décennie des flux migratoires de retraités du Nord de la France et des pays d'Europe, et d'habitants de la côte. Doublement de la population durant les 2 mois d'été; et de ceci naissent les pressions et les déséquilibres que tous les résidents commencent à déplorer.
Mais le plus sérieux reste à venir. Comme je l'ai montré par ailleurs, l'économie de ce pays est dominée par le tourisme, les services aux habitants - tous les commerces d'approvisionnement - et le secteur des fournitures du bâtiment qui alimente les besoins croissants de la construction de résidences. Les jeunes, ne trouvant pas d'emplois sur place, migrent en sens inverse vers les bassins d'emplois des Bouches du Rhône et d'ailleurs. Bien des salariés aux revenus modestes qui tiennent les emplois de service, ne trouvent pas à se loger sur place. Et les activités traditionnelles liées à l'agriculture sont en déclin et ce déclin ne pourra que s'accentuer à l'avenir.
En effet, les prix de tous les terrains sont entraînés à la hausse par cette fuite en avant de l'urbanisation. Les familles qui exploitent la terre pour en tirer leurs revenus aujourd'hui, voient leurs revenus diminuer d'année en année à cause de la concurrence de producteurs plus compétitifs, dans des sites plus favorables, plus proches des marchés et de la main d'oeuvre ou plus propices au facteur d'échelle. Beaucoup de ces agriculteurs - vignerons, maraîchers, éleveurs etc. - triment dur pour gagner juste le SMIC, ou doivent avoir plusieurs emplois pour satisfaire leurs besoins. Mais leurs enfants - qui souvent ont quitté le pays pour trouver un emploi alleurs - continueront-ils l'exploitation? Pas sur, car ils voient le prix des terrains autour d'eux grimper à des niveaux vertigineux. Il est clair qu'ils seront tentés de vendre à des promoteurs ou marchands de biens immobiliers, car le revenu qu'ils en tireront sera bien supérieur à ce qu'ils en tireraient en exploitant. Et qui achèterait du foncier à prix astronomique pour l'exploiter? les revenus générés ne pourront jamais justifier l'investissement. La déprise agricole continuera donc, et avec elle le bel aspect et l'entretien de nos paysages et la sécurité contre les incendies.
Tout le monde connaît des exemples qui illustrent ces propos. Tel exploitant meurt, sans enfant, sa veuve cherche à vendre au plus haut prix, et préfère vendre à des "étrangers" qui achètent pour leur plaisir plutôt que de vendre à ses neveux qui exploiteraient le terrain.
Tel agriculteur continue d'exploiter, par amour du métier, les terres dont il a hérité autrefois de ses parents avant que les prix ne montent. Mais ses enfants ne prendront pas la relève.
Tout ceci me semble plaider pour un frein à l'urbanisation pour que les terres agricoles restent accessibles aux exploitants. C'est par le développement économique, basé sur les atouts du pays de Fayence, que nous arrêterons cette fuite en avant. Si l'on ne trouve pas de solution, le pays deviendra à terme, un site de riches propriétaires venus d'ailleurs passer quelques semaines par an ou pour jouer au golf, de retraités aisés, et de touristes pendant les 2 mois de l'été.
Mis en ligne le 06 juillet 2006 par Pierre Ratcliffe Contact: (pratclif@free.fr) site web: http://pratclif.free.fr